Ce chemin sous mes pas

Quand elle a choisi la carrière du droit au début des années 1970, Renée Dupuis nourrissait une crainte, celle de s’ennuyer dans cette profession encore majoritairement réservée aux hommes et où le succès se mesurait trop souvent en termes de réussite matérielle. Cette jeune femme nourrissait, au contraire, l’ardent désir de défendre les exclus, les défavorisés. Elle voyait mal comment elle y arriverait dans un monde où les femmes étaient systématiquement confinées au droit privé et aux causes les moins prestigieuses. Pourtant, au cours du demi-siècle qui a suivi, elle s’est investie dans une passionnante carrière qui l’a menée jusqu’au Sénat et qui lui a permis surtout de faire sa marque dans l’avancement des causes qui lui tiennent tant à cœur.

Ce qui a fait dévier sa destinée, c’est la rencontre improbable, dès la fin de ses études, avec le combat des Autochtones pour faire valoir leurs droits. Comment avait-elle pu, comme l’immense majorité des Québécois d’alors et d’aujourd’hui, vivre en ce pays en ignorant tout de ces gens et de leurs cultures? S’est alors amorcé un travail acharné de conseillère juridique de différents groupes autochtones qui allait l’amener à les appuyer pendant plus de trente ans dans des causes entendues aussi bien au Québec et au Canada qu’à l’international. De les appuyer, et non de parler en leur nom, ce qu’elle a toujours refusé de faire.

Mais Renée Depuis sait se servir du droit pour faire avancer bien d’autres causes que celles des Autochtones, comme les combats féministes et ceux pour la justice sociale, qu’elle a également menés à travers son activité d’enseignement.

Enfin, compagne d’un poète et mère de deux filles écrivaines, Renée Dupuis a entretenu des liens étroits avec les milieux artistiques et intellectuels, et elle raconte ici dans de touchantes pages son amitié avec Gabrielle Roy.

Renée Dupuis propose aujourd’hui un récit inspirant où elle refait pour nous le chemin qu’elle a tracé, sans plan préconçu, en se laissant simplement guider par ses pas, par ses convictions.