Un costume d’écolier, une casquette en tweed, une démarche de canard n’ayant rien à envier à celle de Chuck Berry et une voix criarde (d’abord celle de Bon Scott, mais surtout celle de Brian Johnson à partir de 1980) : le groupe australien qui s’est donné pour but de défoncer les tympans est immédiatement reconnaissable. Fondé à Sydney en 1973 par les frères Young, il a su garder intacte son énergie brute à travers les décennies. On peut débattre de l’appartenance de la formation à tel ou tel genre (hard rock? métal? blues rock?), les membres eux-mêmes n’ont toujours affirmé qu’une chose : ils font du rock & roll. La puissance qui émane de leurs succès est comparable à une fougue d’adolescent, et en effet ils n’ont jamais prétendu jouer dans la subtilité : des métaphores de tempête (« Thunderstruck »), une sexualité à peine sous-entendue (« Let’s Get It Up ») et des coups de canon sur scène (« For Those About to Rock »), tout est mis à profit pour donner l’impression d’une décharge d’électricité. Il ne faut toutefois pas sous-estimer la qualité musicale d’AC/DC, dont la force repose sur des riffs simples et efficaces (celui, mémorable, de « Back In Black »), sur une batterie solide et, plus que tout, sur le jeu de guitare virtuose d’Angus Young. Bien que le groupe ait été critiqué pour l’image peu raffinée qu’il offre de la femme dans ses chansons ou pour sa possible association au satanisme, il assume complètement son côté juvénile, et c’est pour ce sans-gêne que les fans l’adorent.