Fusionnant l’imaginaire des Pharaons égyptiens et les symphonies urbaines à la gloire de leur Marseille natale, IAM est une des incarnations les plus populaires du hip-hop français depuis le début des années 1990. Fondé en 1988 par Akhenaton (Phillipe Fragione), Shurik’n (Geoffrey Mussard), Khéops (Éric Mazel), Imhotep (Pascal Perez), Kephren (François Mendy) et Freeman (Malek Brahimi), IAM est le premier groupe à sortir un album de rap français, en 1991, au titre inspiré du Fear of a Black Planet de Public Enemy : ...de la planète Mars. La pièce maîtresse de l’album, « Tam-Tam de l’Afrique », une chronique riche en scratchs du colonialisme cristallise la conscience iconoclaste d’IAM, enracinée dans la philosophie moyen-orientale. L’album suivant, Ombre est lumière, sorti en 1993, propulse IAM vers le mainstream avec le titre phare du groupe, « Je danse le Mia », disco rap plein de joyeuse nostalgie pour les années 1980. Redéfinissant le mètre étalon du rap français avec l’irréprochable L’école du micro d’argent en 1997, IAM sort un sommet français du genre avec le cinglant commentaire social de neuf minutes « Demain, c’est loin ». Un temps en perte de créativité, IAM renoue avec le son vintage de Brooklyn en 2013 à travers deux excellents albums, l’émouvante sonate boom-bap Arts Martiens et l’album éponyme IAM. Le groupe entame sa troisième décennie avec le rétro bop Rȇvolution en 2017 et Yasuke en 2019, du nom de cet esclave africain devenu samouraï au Japon. En 2021, le groupe publie quatre EPs intitulés Première Vague, Deuxième Vague, Troisième Vague et Quatrième Vague, en référence à la situation sanitaire liée au Covid. Les 24 morceaux ont ensuite été regroupés sous le titre Rimes Essentielles qui pourrait résumer l’influence de ces grands anciens sur un genre devenu dominant.