Mastodonte du rap hexagonal, Booba combine à la perfection un style à l’américaine avec une approche bien française, entre sensibilité, pointes d’humour et regard critique. Si son flow qui envoie du lourd, ses mélodies et sa voix grave rappellent ses homologues américains, ses paroles crues et engagées ciblent quant à elles le racisme et la violence qui affligent les personnes noires dans son propre pays. Né Élie Yaffa en 1976, il grandit en admirant les poids lourds du game new-yorkais des années 90, du Wu-Tang à 2Pac, en passant par Mobb Deep et Notorious B.I.G. À l’instar de ces légendes, ses rimes adoptent le point de vue d’un outsider ; en l’occurrence, un enfant élevé en banlieue parisienne, par une mère française et un père sénégalais, passionné par un genre de musique qui n’a pas encore d’ancrage culturel dans son pays. Après avoir sorti un premier vinyle avec son ami Ali sous le nom de Lunatic, en 1994, le visionnaire entame une carrière solo hors norme. Pour rendre hommage à un membre de sa famille nommé Boubakar, il adopte alors le nom de scène Booba. Évoluant sans label, il classe ses dix premiers albums dans le top 10 national, imposant progressivement les sous-cultures américaines, telles que le dirty south et le crunk, dans la culture mainstream tricolore. Pourvoyeur de rimes brutes et mélodiques et d’un flow agressif, il contribue à forger l’identité même du rap français, allant bien au-delà de la seule influence américaine. Aussi connu sous le nom du Duc de Boulogne, l’homme d’affaires averti n’est certainement pas étranger à l’essor du rap français, un genre qu’il continue à faire évoluer album après album.