70 ans de carrière, 1 400 chansons, 80 pays et 100 millions d’albums vendus, peu d’artistes au monde peuvent se targuer d’avoir eu une carrière aussi riche que celle de Charles Aznavour. Né à Paris en 1924 de parents immigrés arméniens, Shahnourh Vaghinag Aznavourian commence à travailler dès son enfance, avant d’abandonner l’école pendant son adolescence pour se concentrer sur le chant et le cinéma. Au milieu des années 1940, il est repéré par Édith Piaf qui décide de le prendre sous son aile. Ainsi, le premier voyage de Charles Aznavour à New York, en 1948, a pour but de servir de secrétaire à Piaf. 15 ans plus tard, il y reviendra pour jouer dans un Carnegie Hall plein à craquer. Avant de devenir le meilleur ambassadeur de la chanson française à travers le monde, et particulièrement aux États-Unis (repris par Ray Charles, Fred Astaire ou Shirley Bassey), Aznavour a cependant connu des débuts difficiles en France en tant qu’interprète, critiqué pour son chant et son manque de charisme. Il écrit ou coécrit, pour lui-même ou pour d’autres artistes (Mistinguett, Maurice Chevalier, Patachou, Edith Piaf), des chansons intemporelles, abordant des thèmes comme l’amour, le voyage, le temps qui passe, les souvenirs, qui finiront par l’imposer au grand public. Les textes et la force des interprétations de ce monument du music-hall rassemblent plusieurs générations, bercées par ses tubes : « J’me voyais déjà » qui le révèle sur la scène de l’Alhambra en 1960, « For me Formidable », où il s’amuse à marier l’anglais et le français, ou « La bohème » (1965), ode nostalgique à la jeunesse (et sa mémorable entame, « Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître... »). Parfois engagé, le chanteur dénonce le génocide arménien sur « Ils sont tombés », et la Nomenklatura soviétique dans « Camarade », ou défend les droits des homosexuels sur « Comme ils disent » (1972). Jusqu’à sa mort en 2018, Aznavour enchaîne les tournées triomphales dans le monde entier, parallèlement à une riche carrière d’acteur au cinéma (il a joué avec François Truffaut, Claude Chabrol ou Atom Egoyan), et n’a jamais quitté le sommet de l’affiche.