Dans une interview donnée à Apple Music, Kendrick Lamar est revenu sur le succès de son album de 2015, To Pimp a Butterfly — en particulier de la chanson « Alright ». « Ce n’est pas parce qu’elle s’est bien vendue (elle l’a fait). Ce n’est pas parce qu’elle a gagné des prix (elle en a gagné). Ce n’est même pas parce qu’elle a ouvert de nouvelles voies pour hip-hop. » Pour Lamar, sa plus grande réussite, c’est que les gens l’ont chantée dans les rues, c’est de « les voir s’exprimer à travers une chanson, à travers des textes que j’ai écrits. Beaucoup de gens dehors n’ont pas la parole. » Pour cet enfant de Compton dont la vie a été transformée par le hip-hop, la célébrité était certes agréable, mais la possibilité que, grâce au chant et à l’esprit, sa musique offre une ouverture culturelle pour les personnes rejoignant la lutte pour les droits civiques, ça, c’était réel. Il était peut-être seul quand il écrivait, mais il parlait pour beaucoup. Né en 1987, Lamar a grandi sous l’influence de JAY-Z, Eminem et 2pac — pour les jeux de mots, l’imagination, l’amour et l’idée de la communauté. Vu sa popularité, la musique de Lamar peut sembler étonnamment dense, ses albums prenant la forme de récits sinueux (good kid, m.A.A.d city), d’hybrides live de jazz et de funk (To Pimp a Butterfly) ou d’explorations introspectives quasi conceptuelles (DAMN., premier album de hip-hop à avoir remporté un Prix Pulitzer en 2018). Lamar veut la gloire. Mais il la veut à ses propres conditions. « Je ne fais pas ça pour avoir une bonne chanson », dit-il. « Ou un bon rap. Ou un bon hook, ou un bon pont. Je veux le faire sur chaque morceau, point final. Et pour le faire sur chaque morceau, il faut se défier soi-même, et se prouver à soi-même — et à personne d’autre — qu’on est le meilleur. »