Un parcours de traverse

Dans ce roman, on découvre progressivement, guidé par la curiosité de son ami écrivain qui fait fonction d’accoucheur, l’histoire d’un personnage singulier. Celle d’un petit tunisien fils de tailleur pauvre qui finit bourgeoisement installé dans l’ouest parisien ; d’un musulman qui passe par une école jésuite et épouse une juive issue d’une famille sioniste ; d’un libertaire un temps maoïste qui fait ses études dans l’école symbole du capitalisme français et devient cadre dirigeant de multinationales ; d’un homme qui cherche librement sa voie, habité successivement et souvent simultanément, par la susceptibilité et l’esprit contemplatif arabes, la casuistique jésuite, le cartésianisme matérialiste français, l’esprit de débat juif.

Personnalité pétrie des contradictions humaines contemporaines, Lucien - c’est son nom - est finalement un pur produit de notre époque. La vie l’ayant sans cesse poussé à prendre des chemins de traverse, il propose sa vision sur l’identité, la religion, le pouvoir et l’argent. À l’aune de son expérience, il porte un regard tendre et critique, provocateur parfois mais toujours argumenté, sur les illusions dérisoires de stabilité et de permanence des collectifs (nation, peuple, etc.) auxquels on s’accroche, et sur les immenses dégâts collatéraux que ces illusions engendrent.