The Beethoven Symphonies - Symphony No. 6
La Sixième Symphonie fut composée en même temps que la Cinquième et créée au cours du même concert ; les deux symphonies forment un couple symbolique qui, malgré maintes similitudes de détail, n’auraient pu être plus différentes. Dans la « Pastorale », il n’y a ni destin dont il faut triompher ni combat qu’il faut gagner et donc pas de victoire susceptible d’être célébrée. Il y a un orage qui ne peut être « vaincu », mais qui est surmonté et éveille donc des sentiments de gratitude – de conflits, pas la moindre trace. La musique s’assimile avec une rare clarté à son objet ; d’autant que les tableaux de la nature du premier et, surtout, du deuxième mouvement, images idylliques d’une paisible retraite, ne semblent pas connaître de but, mais, clos sur euxmêmes, baignent dans la félicité. Le temps s’y est arrêté et qui n’est sensible à la contemplation est perdu. Il est absolument fascinant que, dans cette musique, le travail thématique ne soit pas moins marqué que dans les autres symphonies – il se déroule justement, à l’image d’une nature soumise à une croissance organique, d’une manière presque imperceptible. La joyeuse scène de danse est interrompue par l’approche de l’orage orchestrée de manière si suggestive que même les éclairs sont audibles : au dernier grondement du tonnerre succède un chant arcadien exprimant un sentiment de bien-être sans nuage – retour de la paisible nature. Là non plus, point de développement, rien qui n’entraîne vers l’avant, bien au contraire : le mouvement pourrait se poursuivre ainsi à l’infini. Volupté de l’instant, désir d’arrêter le temps.
En vedette Claudio Abbado, Berlin Philharmonic

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