14-18, La grande guerre en couleur

C'est dans un ciel apparemment sans nuage qu'éclate la guerre le 28 juillet 1914. Paris, Berlin ou Londres sont les symboles de la prospérité européenne et du progrès technique. Mais l'Allemagne est armée jusqu'aux dents et lorsque l'archiduc d'Autriche Hongrie est assassiné à Sarajevo le 28 juin 1914, toute l'Europe se mobilise suivant le jeu des alliances. Chaque camp a l'ambition de prendre l'ennemi de vitesse. Les Allemands plannifient de vaincre rapidement la France à l'ouest, avant de s'attaquer à la Russie à l'est. Mais l'armée allemande doit se replier face aux troupes françaises lors de la première bataille de la Marne. C'est la fin de la guerre de mouvement, et le début de la paralysie de la guerre de tranchées, où les soldats s'enterrent faute de pouvoir avancer. Fin 1914, la ligne de front s'est figée et déjà près d'un million de soldats ont payé de leur vie.

Aucune offensive n'a fait évoluer le conflit au cours de l'année 1915. L'année qui suit est le théâtre de deux batailles emblématiques de la guerre de tranchées. Verdun, dès février 1916, est la première bataille d'usure et reste comme le symbole du duel franco-allemand. Lors de la bataille de la Somme à partir de juin 1916, ce sont les cinq continents qui s'affrontent avec la mobilisation des colonies. La machine de guerre est nourrie par les avancées technologiques et toujours plus d'hommes sont envoyés au front pour tenir les positions. Impuissants face au feu de l'artillerie lourde, les morts, les blessés, les mutilés se comptent désormais par centaines de milliers. A l'arrière, la guerre est aussi présente, chaque famille est marquée par l'absence ou le deuil de ses hommes. A l'issue d'une année de combat absurde et sans vainqueur, le défaitisme et la désillusion gagnent du terrain. Mais les états-majors nourrissent toujours le projet de l'offensive qui changera le cours de la guerre à leur profit.

Fin 1916, les lignes de front n'ont presque pas bougé. Sur le champ de bataille, le moral des troupes est au plus bas et des mutineries éclatent. 1917 marque un double tournant. Les Allemands sont libérés du front est avec la révolution bolchévique en Russie. Et les Américains entrent en guerre aux côtés des Français et des Britanniques. En mars 1918, les Allemands tentent l'offensive finale lors de la deuxième bataille de la Marne. Paris est à la portée des canons ennemis. Mais très vite, l'avancée allemande est stoppée faute de ravitaillement. Les Alliés sont mieux armés et considérablement renforcés par les troupes américaines. L'armée allemande est exsangue et la population souffre de la faim et de la grippe espagnole. L'Allemagne est à son tour secouée par des mouvements révolutionnaires. Les généraux Ludendorf et Hindenburg démissionnent, l'Empereur Guillaume II abdique, la République est proclamée. L'armistice est signée le 11 novembre 1918, et de nombreux officiers sont convaincus que les politiques ont signé la fin d'un combat inachevé. Les conditions intenables pour l'Allemagne définies par le traité de Versailles en 1919 achèvent de créer un profond sentiment de revanche dans la population allemande. Au terme de 5 ans de guerre, 60 millions d'hommes se sont affrontés et près de 10 millions sont morts sur le champ de bataille.